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Expositions

Maison de l'armateur

Maison de l'Armateur

Les collections de verreries ont été constituées entre 1930 et 1940 par Alphonse Saladin, conservateur du musée du Havre entre 1925 et 1952.

L’achat le plus important, 225 pièces, a été réalisé auprès d’un particulier en 1934. Quelques pièces sont venues compléter la collection en 1962. Ces verreries ont été exposées dans le premier musée du Havre, détruit en 1944. Fort heureusement, une grande partie des collections avait été évacuée, et les verreries furent de nouveau présentées dans le Musée des Beaux-arts inauguré en 1961. Elles quittèrent ce lieu en 1996. 

Les verreries datent essentiellement du XVIIIe et du XIXe siècle, elles témoignent des différentes pratiques verrières de ces siècles et de leurs mutuelles influences.
 

Le verre est réalisé par la fusion de silice (sable), mélangé à de la soude, de la potasse, de la chaux ou du minium. Les proportions du mélange et l’absence de certains constituants déterminent la qualité du verre. 

Les premiers objets en verre ont été créés en Mesopotamie, au deuxième millénaire avant notre ère. Ce sont de petits objets réalisés à partir d’un noyau d’argile. La forme pleine conçue en argile est plongée dans le verre en fusion, celui-ci va l’envelopper. Après refroidissement, l’argile va être éliminée. Les objets ainsi conçus sont de petite taille. 

Jusqu’au premier siècle de notre ère, les seules techniques qui se diffusent dans le bassin méditerranéen sont des techniques de moulage.
 

La technique du verre soufflé : libération de la forme

Au premier siècle de notre ère, l’invention du verre soufflé a donné au verrier l’avantage de la transparence. Deux procédés sont alors utilisés : le soufflage à la canne à volée, qui permet une grande liberté de forme et le soufflage dans un moule qui contraint la matière ; côtes, cannelures, motifs en creux ou en relief, s’impriment en elle. Des éléments décoratifs peuvent aussi être ajoutés à chaud sur l’objet, ils sont constitués alors de filets de verre ornementaux.
 

Venise, porte de l’Oriente

L’Italie qui entretient des relations commerciales privilégiées avec l’Orient, a été très tôt un grand foyer pour l’art du verre et a produit de très beaux verres émaillés appelés verre de Damas.

A partir du XVe siècle à Murano est inventé un verre fin, transparent et plastique, permettant de produire des pièces élégantes et légères grâce à la technique du verre soufflé.

Les italiens vont développer un répertoire formel et décoratif qui se diffusera en Europe. Porron, grands vases décoratifs, drageoirs, grandes pièces d’apparat, verres à ailettes, vont être alors réalisés à la manière de Venise. Les filets rapportés autorisent des décors exubérants. Ce langage formel, peut être soutenu par un répertoire graphique et coloré.

Le bleu vénitien fort à la mode est très imité. Des inclusions filigranées animent de spirales, de zigzags, de divers jeux graphiques, la matière. 

Mais ce verre, aux grandes qualités plastiques, a l’inconvénient de ne pouvoir être gravé.
 

L’art de Bohême

Au XVIe siècle, l’art de Venise s’est développé dans le Saint- Empire. Sous l’impulsion de Rodolphe II, les arts se trouvent favorisés. La qualité du verre de Bohême, dur et transparent, rappelant les qualités du cristal de roche, est remarquée. Ses qualités le rendent apte à supporter un travail de taille ou de gravure. Blasons, personnages, décors en rinceaux ornent les surfaces. La taille en facette fait du verre un joyau.  De véritables œuvres d’art sont signées de leur créateur. Mais cette pratique ne concerne que peu de pièces qui voisinent avec une production anonyme. L’éclatant art de bohême, se diffuse alors dans toute l’Europe et concurrence le verre à la façon de Venise.
 

Le cristal anglais

Au XVIIe siècle, les verriers anglais doivent renoncer au bois comme combustible, celui-ci étant réservé à la construction navale. Ils se voient donc dans l’obligation d’utiliser le charbon et de revoir alors leurs procédés et leurs mélanges. Georges Ravenscroft parvient en 1676 à inventer un nouveau cristal en ajoutant aux composants traditionnels, du silex et de l’oxyde de plomb (minium). Ce cristal anglais ou Flint-glass sera peu à peu amélioré et parviendra à une dureté et une brillance exceptionnelles. Au XVIIIe siècle les anglais fournissent toute l’Europe. Des liens commerciaux sont créés avec la Hollande et les verriers anglais envoient à la gravure leurs pièces de verreries auprès d’artistes et d’artisans graveurs hollandais.

Les bougeoirs et les tiges des verres tulipes anglais gardent cependant des caractéristiques héritées de l’art de Venise, par l’apport décoratif de filigranes.
 

Le verre français

La France a longtemps orienté sa production verrière vers le grand verre (verre à vitres, miroirs) mais de grands centres verriers pour le menu verre au XVIe siècle et au XVIIe siècle avaient rayonné. Au cours du XVIIIe siècle la production verrière française est en sommeil. 

Le cristal anglais est produit en 1781 en France aux cristalleries de Saint-Louis, créées en 1767, en Lorraine. La verrerie de Sainte-Anne de Baccarat, créée en 1764, ne crée son four à cristal qu’en 1816.

Avant la création de ces deux grandes cristalleries qui rayonneront au XIXe et XXe siècle, la production verrière française s’était concentrée dans quelques centres régionaux. Ces centres produisaient une verrerie commune. Ainsi quelques pièces de la collection ont été créées en Normandie, à la fin du XVIIIe siècle et au XIXe siècle.

Carafes, loupe de dentelières, côtoient des gobelets de mariage, naïvement émaillés. 

Ces objets fragiles et éphémères, témoins d’un art de la transparence ont fasciné les peintres de nature morte du XVIIe siècle. Quelques toiles du Musée des Beaux-arts André Malraux du Havre les mettent en scène.