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Espace enfants
Expositions

Australie, au-delà du rêve

05
juin
2021
>
07
nov
2021
Abbaye de Graville - Hôtel Dubocage de Bléville - Maison de l'Armateur

Kuḻaṯa  Tjuṯa, signifiant "beaucoup de lances", évoque le combat que mènent les Aborigènes des terres APY (Anangu Pitjantjatjara Yankunytjatjara), situées au nord-ouest de l’Australie du Sud, pour faire perdurer et transmettre leur culture et leurs traditions aux jeunes générations.
L’exposition, en partenariat avec l’APY Art Centre Collective, présente des peintures et portraits ainsi que des lances et outils en bois et en bronze. Elle « offre au public européen une rare occasion de découvrir la portée créative, le génie adaptatif et le dynamisme artistique de la culture Anangu d’aujourd’hui »1. Le terme Anangu désigne l’ensemble des communautés Aborigènes des terre APY dont les langues principales sont le Pitjantjatjara et le Yankunytjatjara.

Au travers de ces œuvres, les artistes illustrent leur Tjukurpa qu’ils traduisent par le Temps du rêve.

Les premiers élans de cette exposition ont reçu le soutien du gouvernement de l’Australie du Sud, de l’APY Art Centre Collective, et de l’Art Gallery of South Australia. L’exposition a été présentée pour la première fois en France au Musée des Beaux-Arts de Rennes. 

Art Gallery South Australia

« En célébrant notre Tjukurpa (Art et Culture), nous le maintenons vivant, fort et protégé pour les générations à venir […] Chacun de ces tableaux créés par des artistes à travers la vaste étendue des Terres APY est une célébration de Tjukurpa. Notre Tjukurpa vit dans notre pays et à l’intérieur des Aṉangu, les hommes et les femmes des Terres APY, mes frères et soeurs.

Chaque tableau est une chanson et une danse, c’est aussi une carte du pays de l’artiste. […] Notre Tjukurpa est sérieux, c’est notre loi. Ces histoires sont nos leçons des Ancêtres. Notre Tjukurpa est le lien qui perdure et nous lie au pays qui nous appartient, le pays dont nous sommes responsables. Notre Tjukurpa est notre responsabilité et c’est aussi notre pouvoir.

Kuḻaṯa Tjuṯa signifie « beaucoup de lances ». Quand Aṉangu parle de Kuḻaṯa Tjuṯa, il parle des raisons de se battre et de ce qu’il faut protéger par-dessus tout. C’est ce qui compte le plus pour Aṉangu. Kuḻaṯa Tjuṯa permet de protéger Tjukurpa, Manta, Walytja – Loi, Pays, Famille. Ce qui est le plus important.»

Mick Wikilyiri, artiste du projet Kulata Tjuta

Le projet Kuḻaṯa Tjuṯa

Le projet Kuḻaṯa Tjuṯa est une série d’installations artistiques, enracinées dans des traditions, connaissances et compétences ancestrales, qui a pour but de pérenniser la vitalité du pays et de sa culture. Depuis 2010 il a fédéré des chefs de file Aṉangu de toute la région. La direction, a ainsi été confiée à un Conseil d’administration dans lequel un artiste reconnu représente chaque centre d’art. Ce conseil compte désormais 200 hommes Aṉangu, représentant trois générations originaires des APY Lands (pays Aṉangu des Pitjantjatjara et Yankunytjatjara).

« Aujourd’hui, le projet Kuḻaṯa Tjuṯa est bien vivant dans les APY Lands. Le projet offre à de jeunes gens, comme moi, une nouvelle façon de célébrer et de partager le Tjukurpa. Nous apprenons l’art du bois, mais aussi le chant et la danse qui accompagnent cette pratique culturelle essentielle. »

Kamurin Young, chef de file émergent, artiste et interprète, Amata

« La lance symbolise notre culture... c’est elle qui nous fait vivre. Nous enseignons à nos jeunes le savoir des lances pour perpétuer le savoir-faire et la culture. Les lances peuvent protéger le pays, comme elles l’ont toujours fait au temps de nos grands-pères et de nos ancêtres. »

Mumu Mike Williams, Ancien de la communauté Aṉangu et artiste, Mimili

Kuḻaṯa Tjuṯa

« Je fabrique encore des Kuḻaṯa tous les jours. […] Trouver le bon Kuḻaṯa (arbre à lances), c’est d’abord le couper à la bonne longueur. L’arbre à Kuḻaṯa est kali-kali pulka (très courbé). Il est donc très important de faire un feu pour redresser le bois : chauffez, courbez, chauffez, courbez, puis redressez-le lentement. Il existe différentes façons de fabriquer des Kuḻaṯa.

Les Kuḻaṯa n’ont pas tous besoin de wata (fer de lance), par exemple. Je chasse toujours avec un Kuḻaṯa doté d’un wata et d’un mukulpa (ardillon) de mulga (espèce d’acacia). Pas trop large, pas trop long, affûté et bien poli pour un lancer réussi. Le wata est attaché à l’aide de kiṯi (colle du bush) et de malu pulyku (tendon de kangourou). Le kiṯi provient de la feuille d’un autre type de mulga. Je laisse sécher les feuilles pendant deux jours, puis je tapote pour faire tomber la résine sèche que je chauffe afin d’obtenir un gros bloc de kiṯi, solide comme un roc. […] Pour attacher le wata, je mets du kiṯi kulunypa (un peu de colle du bush) à ramollir sur le feu. Ensuite, je lie le tout très solidement à l’aide de malu pulyku (tendon de kangourou), que je dois d’abord mâcher comme du chewing-gum, tout en le ramollissant et en retirant de longs morceaux pour lier le kiṯi. C’est la même méthode qui est utilisée (kiṯi et malu pulyku) pour attacher le mukulpa. C’est un long processus, voyez-vous, aujourd’hui, les jeunes gens suivent le même apprentissage que le mien autrefois. Assis, à observer, en écoutant les histoires, lentement. »

Sammy Dodd, Ancien de la communauté Aṉangu et artiste, Mimili