
Pendule « au verseur de café »
Maison de l'Armateur
Cette pendule de cheminée montre un serviteur noir portant sur l’épaule un sac de café et déversant son contenu dans un tonneau. A gauche, un palmier complète la composition portée par un socle à pans coupés qui repose sur quatre pieds boules. Il est orné de motifs rapportés : abeilles sur les côtés et enfants noirs au travail.
Un goût pour l’exotisme
La littérature préromantique de la fin du XVIIIe siècle, récits de voyages, théories de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) et écrits de Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814), … exalte l’image du paradis perdu et celle du « bon sauvage ».
Les pendules « au nègre » produite à la même époque illustrent parfaitement cette tendance. Ces œuvres complexes, dont la réalisation faisait appel à différents corps de métiers, étaient destinés à une clientèle fortunée et cultivée. Le terme « nègre » est générique, il désigne aussi bien le noir d’Afrique, l’esclave que l’indien d’Amérique. La transposition de thèmes littéraires voisine, sur ces pendules, avec des représentations des petits métiers : esclave poussant une brouette, portant une balle de coton, un sac de café…
Une représentation idéalisée
L’observation de l’attitude de l’homme au travail est juste mais complètement idéalisée, le corps jeune et sain ne montre aucun signe d’effort et le visage, rond, lisse et détendu relève d’un même esprit. La recherche esthétique prime et la pendule devient avant tout un objet d’ornement. Le cadran de l’horloge s’inscrit dans le tonneau et le mécanisme est invisible. La composition recherchée et équilibrée, les contrastes subtils entre la patine noire du corps, les bronzes dorés du décor et les rehauts émaillés sont caractéristiques des goûts Directoire et Empire.