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Espace enfants
Expositions

Australie, au-delà du rêve

05
juin
2021
>
07
nov
2021
Abbaye de Graville - Hôtel Dubocage de Bléville - Maison de l'Armateur

Cette exposition regroupe 16 peintures aux pigments naturels sur écorces créées par les artistes des trois communautés artistiques les plus majeures de la Terre d’Arnhem, une terre tropicale au nord de l’Australie déclarée « réserve Aborigène » en 1931. Si en Terre d’Arnhem les cultures sont différentes d’une région à l’autre, elles sont unies par une même conception du monde incarnée par le Temps du Rêve ou Dreamtime. Celui-ci fait référence aux actions des Ancêtres totémiques – mi-hommes, mi-animaux ou végétaux – lorsqu’ils créèrent le monde et les lois qui régissent la vie en société.
Cette collection exceptionnelle permet au visiteur de découvrir un style unique à travers des œuvres dont la beauté ravit André Breton qui découvrit des œuvres de ces communautés dans les années 60.

« Les peintures sont l’épine dorsale de la terre et de la mer, l’ossature du paysage et des peuples. Comme un squelette, elles sont la structure qui unit notre pays. » 

Joe Neparrnga Gumbula

 

Une peinture issue de la terre

La peinture de la Terre d’Arnhem, région tropicale du nord de l’Australie, s’inspire d’un ensemble de motifs hérités d’êtres ancestraux formant une iconographie religieuse qui trouve son expression la plus intense lors des cérémonies. Contrairement à la plupart des artistes Aborigènes du continent, les peintres de la Terre d’Arnhem privilégient encore aujourd’hui l’emploi de matériaux naturels. Les écorces proviennent de l’eucalyptus tetrodonta : elles sont découpées, aplanies puis poncées avant d’être peintes avec des pigments prélevés dans les dépôts d’ocre. Ces matériaux sont directement issus de leurs terres et donc liés aux épisodes mythiques du Dreaming : l’ocre jaune est, par exemple, la graisse jaune de l’Emeu ancestral tandis que l’ocre rouge est le sang d’un Kangourou mythique.
 

Variété de styles

Le style et les motifs de l’art du pays Kunwinjku, à l’ouest de la Terre d’Arnhem, s’inspirent clairement des peintures rupestres pour lesquelles cette région est célèbre dans le monde entier, dont certaines ont plus de 28 000 ans. Les poissons, le gibier et les êtres spirituels anthropomorphes, tels que les personnages « Mimih » aux silhouettes élancées, sont représentés dans un style connu sous le nom de « rayon X », qui révèle les organes vitaux, le squelette et les articulations des personnages et des animaux. Les parties couvertes de hachures colorées ou « rarrks » rappellent les peintures corporelles réalisées lors de certaines cérémonies, produisant un effet de texture qui évoque la puissance ancestrale. 

Les peintures du nord-est de la Terre d’Arnhem, une région côtière où vivent les groupes Yolngus, combinent style figuratif et géométrique pour illustrer les forces créatrices qui façonnent le cosmos. Là encore, l’utilisation des couleurs et les techniques de remplissage permettent de donner à voir la puissance des Ancêtres qui animent toujours ces terres.
 

L’histoire récente de la peinture sur écorce

Les peintures sur écorce accèdent au statut d’œuvres d’art dans les années 1960, sous l’influence de divers collectionneurs et conservateurs. Historiquement, la constitution de la première véritable collection de peintures de la Terre d’Arnhem est attribuée à l’anthropologue Baldwin Spencer, en 1912, qui suscita une demande internationale d’œuvres de petite taille, aisément transportables. A partir de 1931, les missionnaires de différentes églises qui furent chargés par le gouvernement australien d’accompagner l’intégration des Aborigènes de la « réserve » nouvellement créée à l’échelle de la Terre d’Arnhem encouragèrent la production d’art et d’artisanat pour compléter les recettes de leurs missions. Dans les années 1950 et 1960, l’artiste et anthropologue français d’origine tchèque Karel Kupka constitua une collection de quelques 1 000 objets aujourd’hui répartis entre plusieurs grands musées internationaux, dont le musée du quai Branly - Jacques Chirac à Paris. Il fut l’un des grands artisans de la reconnaissance des artistes Aborigènes de la Terre d’Arnhem et ses travaux se traduisirent par une hausse de la production d’œuvres pour le marché de l’art et un extraordinaire regain de créativité artistique.
 

Reconnaissance

L’Aboriginal Arts Board (AAB) fut créé en 1973 pour promouvoir les arts Aborigènes en Australie et à l’international en organisant des expositions et en faisant des dons à des organismes publics. Il joua un rôle de promotion important et sa politique d’acquisition permit aux artistes des communautés reculées, notamment en Terre d’Arnhem, de continuer à produire des œuvres. L’AAB joua également un rôle important dans la reconnaissance juridique des droits d’auteur des artistes sur leurs œuvres. Suite à l’immense succès commercial des œuvres Aborigènes sur le marché de l’art dans les années 1990, les peintures sur écorce évoluent vers un style de plus en plus abstrait. Grâce à la célébrité croissante de certains artistes sur la scène internationale, tels que John Mawurndjul (né en 1952) et G. Yunupingu (1943-2012), tous deux membres de la Commande publique d’art Aborigène du musée du quai Branly - Jacques Chirac, la peinture sur écorce a, depuis lors, affirmé son statut d’art contemporain dynamique et vivant. Les centres artistiques de la Terre d’Arnhem représentés dans la collection de l’ambassade (Maningrida Arts and Culture, Injalak Arts à Gunbalanya et Buku Larrngay Mulka Art Centre à Yirrkala) continuent d’encourager la créativité et la production artistiques dans les principales communautés, mais aussi partout où des artistes ont choisi de vivre, au plus près de leurs terres ancestrales.
 

En savoir +

Livret enfant- Les écorces peintes de la Terre d'Arnhem