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Expositions

La Beauté de la Broderie

Exposition de broderies de la collection du Musée moderne de Dalian

09
fév
2018
>
11
mar
2018
Abbaye de Graville

Cette exposition est le fruit de dix années de partenariat entre le Musée moderne de Dalian et les Musées d’Art et d’Histoire du Havre. 

La présentation de ces broderies vient en écho à l’exposition « Napoléon Bonaparte dans les collections publiques havraises » proposée au Musée Moderne de Dalian en 2015. Ces œuvres, sont un témoignage de la riche histoire de la civilisation chinoise, des pièces exceptionnelles qui trouvent pour écrin l’Abbaye de Graville (Xe - XVIIIe siècle). 

« La beauté de la broderie, exposition de broderies de la collection du Musée Moderne de Dalian » présente une sélection des œuvres les plus représentatives parmi plus de mille pièces de broderies conservées au Musée Moderne de Dalian, et classées en 128 collections, comprenant des vêtements, des pantalons, des baldaquins, des coussins, des porte-monnaie etc. Par leurs couleurs éclatantes, leurs motifs d’une grande finesse, leur exécution raffinée, ces ouvrages reflètent la beauté atteinte par l’art de la broderie à la fin de la dynastie des Qing durant la République de Chine (1912-1949). 
Au travers de ces broderies se retrouvent exposés les figures historiques les plus familières, les légendes populaires les plus mystérieuses et les plus extraordinaires, les histoires d’amours, les poèmes et expressions les plus raffinés et esthétiques. Par le fil de soie et les couleurs vives employées, nous pouvons définir les témoins des styles et des mœurs ayant eu cours dans la société des époques concernées. C’était là l’objectif des brodeurs, qui ont jeté dans ces œuvres tous leurs rêves de vie. 

Nous souhaitons que cette exposition donne au public français l’occasion d’un magnifique voyage dans le monde resplendissant et coloré de la broderie chinoise. Que cet art chinois ancestral nous permette, de fil en aiguille, de lier entre elles nos mémoires, et de tisser le fil de nos vies pour broder l’excellence. 

Musée Moderne de Dalian
 

Teintes printanières

Taie aux motifs évoquant une pie sur un prunier

La coloration des textiles est un élément fondamental de l’art du tissage. 
La coloration constituait déjà une spécialité à part entière à l’époque des Zhou (1046 – 256 av. JC). Pour cela, on avait recours à des colorants naturels d’origine minérale, végétale ou animale, raffinés. Il s’agissait là de matériaux fondamentaux pour la décoration des vêtements et des parures.  
Durant la dynastie des Zhou de l’Est (771 – 256 av. JC) il était déjà fréquent de voir des vêtements teints de différentes couleurs. Les odes de Zheng, dans le Classique de la poésie, décrivaient une jeune fille attendant ardemment le retour de son amoureux, le col de couleur verte des habits de ce dernier devenant dès lors le gage d’amour entre deux personnes, ainsi que le réceptacle des sentiments des jeunes femmes dans le genre poétique. 

Le vert est la couleur du printemps. Cette couleur remplace d’ailleurs le mot printemps dans les œuvres littéraires de la Chine antique. Par extension, le caractère associé à cette couleur est devenu porteur de significations hautement positives comme la jeunesse, la vie et la vitalité. Parmi les mots composés avec ce caractère, qui peut également désigner la couleur noire ou bleu-vert, on retrouve beaucoup de mots associés au féminin ; la beauté, les jolis cheveux, les beaux sourcils. Il en est ainsi aussi des doigts fins des belles jeunes femmes, ces mêmes doigts qui sont à l’origine de ces broderies raffinées, naturellement devenues réceptacle privilégié des sentiments des jeunes filles, offrant aux admirateurs de ces broderies un potentiel infini d’évocations. 
Cette première section expose, notamment au travers des habits, des parures, des modèles d’ornement, tous en rapport avec la jeunesse féminine, toute la candeur, l’entrain des jeunes filles et toute l’habileté de leurs doigts de fée. 

Musée Moderne de Dalian
 

Au fil rouge de l'ouvrage

Dessus de couverture avec représentation d'une licorne apportant un nouveau-né.

La broderie n’est pas une forme d’art fonctionnant isolément des autres. Avant d’exécuter le motif par l’action de son aiguille, le brodeur doit le dessiner sous le tissu à décorer. L’aiguille et le fil sont dès lors au brodeur ce que le pinceau et l’encre sont au calligraphe. Ce dernier procède d’ailleurs de la même manière lors de ses exercices, guidé qu’il est par un modèle dessiné à l’encre rouge, au-dessus duquel est disposé un calque, support de l’écriture. 
Couleur traditionnelle chinoise par excellence, le rouge s’écrit en chinois au moyen d’un caractère évoquant originellement une femme travaillant au filage et à la couture. C’est ainsi que l’ancien terme équivalent au mot « couture » s’écrivait avec les deux caractères « femme » et « rouge », liant durablement dans les représentations la féminité et cette couleur. C’est la raison pour laquelle on retrouve le caractère « rouge » dans de nombreuses expressions désignant les femmes aux traits ravissants. C’est également un fin fil de couleur rouge que l’entremetteur tenait dans sa main et qui unissait les deux nouveaux époux lors de la cérémonie. Enfin, une femme, à l’heure de son mariage, se devait de déployer ce qu’elle avait de plus éclatant en elle au moyen d’une toilette rouge vive et éblouissante. 
Cette section présente une sélection de broderies ayant pour thème la mariée et le mariage. Nous espérons que chacun ressentira, à travers la splendeur et l’éclat des couleurs, à travers la vivacité et la fluidité du tissage, la joie de la jeune mariée ainsi que ses attentes vis-à-vis de cette nouvelle étape de sa vie. 

Musée Moderne de Dalian
 

L'or au bout des doigts

La broderie au fil d’or était déjà une pratique courante durant la dynastie des Tang, comme en témoigne un des poèmes de Du Fu évoquant un paon cousu de fil d’or. 
Ce type de broderie consiste à broder avec un fil d’or pincé fermement entre deux doigts, permettant d’obtenir des motifs plissés. Les motifs obtenus sont fort resserrés, les lignes forment des reliefs clairs, si bien que le nom de cette technique de broderie a également été utilisé comme métaphore pour qualifier les productions littéraires dont le plan est clair et le développement limpide. 
Dès l’antiquité, la couleur dorée symbolise la noblesse, la somptuosité, la gloire, la richesse et le pouvoir. On retrouve le caractère désignant cette couleur dans plusieurs expressions chinoises servant à désigner les femmes de haut rang et à la conduite noble. Mais on le retrouve également dans des expressions symbolisant la dépendance de la femme vis-à-vis de l’homme durant la période féodale : la langue chinoise connaît également l’idée de la cage dorée, tandis que les pieds bandés des femmes étaient comparés à des lotus dorés. 
La couleur dorée est associée au jaune. Dans la conception du monde des Chinois de l’antiquité, le jaune était la couleur de la matrice de la terre, c’est ainsi qu’on le retrouve associé à la terre comme couleur centrale dans le système cosmologique des Cinq Phases. De ce fait, le jaune est porteur d’une puissance extraordinaire lui permettant de tout envelopper et de tout supporter. 

Musée Moderne de Dalian

Le crépuscule empourpré

Pièce de broderie avec représentation d'un paysage, de personnage et avec les inscriptions "Gu Mu Can Tian".

Autrefois, le violet était une couleur de bon augure et symbolisait la tranquillité. Après les Han (206 av. JC – 25 de notre ère), cette couleur est devenue celle des costumes impériaux. L’image du sceau en or sur lequel était attaché un ruban violet était le signe d’un très haut pouvoir. On retrouve le caractère dévolu à cette couleur dans les mots désignant le palais impérial et le destin du royaume. Selon la légende, le maître taoïste Laozi était enveloppé par la brume pourpre du soir, c’est pourquoi les prêtres taoïstes se vêtaient de robes violettes, et c’est aussi pourquoi on retrouve fréquemment cette couleur dans les éléments du panthéon taoïste. 
Du fait de l’influence taoïste, de nombreuses familles de lettrés élevaient au-dessus de l’entrée de leurs maisons « Nuage empourpré venu de l’est », exposant ainsi leur espoir de voir les génies se succéder génération après génération au sein du foyer, lequel se retrouvait couvert d’une aura mystérieuse par ce fin voile de couleur ainsi jeté par l’inscription. 
La plupart des broderies présentées dans cette section relèvent d’un savoir-faire plus complexe, manifestant le caractère varié et pluriel des ornements et des représentations. Les brodeurs nous permettent, au travers de leurs œuvres et de leur héritage, encore et toujours de construire un monde coloré et éblouissant. 

Musée Moderne de Dalian

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