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Expositions

Être mécène à l’aube de la Renaissance

L’amiral Louis Malet de Graville

21
juin
2017
>
18
sep
2017
Abbaye de Graville

Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture/ Direction générale des patrimoines/Service des musées de France. Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’Etat.  Elle a été réalisée avec le concours exceptionnel de la Bibliothèque nationale de France. 

En 2017, la célébration du 500e anniversaire de la fondation du Havre par François Ier, port en partie édifié sur des terres (la seigneurie de Graville) ayant appartenu à l’amiral de Graville, offre l’occasion inédite de se pencher sur la figure d’un des plus importants commanditaires du début de la Renaissance en France et du contexte historique et artistique qu’il a connu.

Louis Malet de Graville (né vers 1440, mort en 1516), proche du roi Louis XI, amiral de France sous Charles VIII, Louis XII et François Ier, personnage très fameux en son temps, est aujourd’hui un grand oublié. Proche de quatre rois successifs, il eut pourtant un rôle politique de tout premier plan et se révéla être un mécène flamboyant au début de la Renaissance française. 

Grand bâtisseur de châteaux et d’églises, amateur de belles tapisseries ou d’émouvantes sculptures, l’amiral de Graville fut surtout un éminent bibliophile. Des prêts exceptionnels accordés par la Bibliothèque nationale de France permettent d’exposer les chefs-d’œuvre enluminés qui formaient sa bibliothèque, peints par les artistes les plus talentueux du temps. Ces nombreux trésors sur parchemin (dont le procès de Jeanne d’Arc que possédait l’amiral de Graville !) sont complétés par de majestueux portraits de la Renaissance. L’exposition évoque en effet le contexte artistique du début de la Renaissance, notamment en Normandie, grâce à de nombreux prêts. Viennent s’ajouter à l’exposition les riches collections des Musées d’Art et d’Histoire, à découvrir ou redécouvrir dans leur contexte historique.

L'amiral Louis Malet de Graville

Louis Malet de Graville, né dans les années 1440, était issu d’une famille de la noblesse normande établie depuis de longs siècles dans la seigneurie de Graville. Un 
des membres de la famille était compagnon de Guillaume le conquérant à la bataille d’Hastings, marié à sa nièce, un autre figure parmi les signataires de la Magna  Carta.

Les Malet de Graville avaient par ailleurs une longue tradition de service auprès des rois de France : le grand-père de l’amiral fut un compagnon de Jeanne d’Arc, et son père, chambellan de Charles VII et de Louis XI, connut une longue captivité en Angleterre alors qu’il participait à la Guerre des Deux Roses pour le compte de ce dernier roi. Louis Malet de Graville fit ses débuts à la cour de Louis XI. Il bénéficia vite de la confiance du roi qui lui octroya de nombreuses charges et récompenses. À la mort de celui-ci, il était devenu un personnage essentiel du Conseil du roi et soutint le jeune Charles VIII. Sa fidélité fut récompensée en 1487 par l’un des plus importants offices de la Couronne, celui d’amiral de France. S’il s’opposa aux guerres que le roi voulait mener en Italie à partir de 1494, il fut chargé de protéger le royaume en tant que gouverneur de Normandie et de Picardie. L’accession au trône de Louis XII en 1498 l’écarta temporairement du pouvoir avant qu’il ne fasse son grand retour en 1504 pour redresser les finances royales. Son expérience et son poids politique en faisaient un personnage incontournable, jusqu’au début du règne de François Ier. Il s’éteignit le 30 octobre 1516 : son testament ordonna que son cœur soit enseveli au prieuré de Graville.

Un grand mécène et bibliophile

La longue carrière et la fortune de l’amiral de Graville permirent l’éclosion d’un mécénat exceptionnel. Le royaume de France était alors récemment sorti de la guerre de Cent Ans. L’amiral, à la tête d’importantes seigneuries en Normandie et en Île-de-France, favorisa la reconstruction de ses domaines. Nombreux sont les châteaux (Marcoussis, Malesherbes, Milly-la-Forêt, Ambourville) et églises (citons, parmi tant d’exemples, celle de Saint-Michel d’Ingouville, non loin d’ici) qu’il fit réédifier ou moderniser. C’était également un homme pieux et ses dévotions reçurent des traductions en termes artistiques : il favorisa le développement ou la création de couvents ou commanda vitraux et sculptures en lien avec sa spiritualité. Il devait également tenir son rang : il ornait ses hôtels parisiens et ses résidences de grandioses tapisseries et y recevait les rois en grande pompe. 
 
Les œuvres les plus remarquables issues de son mécénat sont sans conteste ses manuscrits enluminés. Louis Malet de Graville était l’un des plus grands bibliophiles laïcs de son temps et ses ouvrages, souvent à ses armes, sont désormais conservés dans le monde entier. Amateur de récits historiques, il appréciait les manuscrits à la taille imposante et à la décoration luxuriante. Il s’adressait aux enlumineurs les plus talentueux, notamment à Paris. Dans sa riche bibliothèque prenaient également place quelques ouvrages destinés à la lecture et au travail, ou d’autres qui revêtaient une charge symbolique forte, comme l’exceptionnel manuscrit du Procès en condamnation et en réhabilitation de Jeanne d’Arc, présenté dans l’exposition.