Cahiers d’échantillons d’indiennes
Œuvre non exposée
Le port du Havre fut le plus grand ou un des plus grands importateurs français de coton pendant plusieurs siècles. Il était, entre autres, le fournisseur des manufactures régionales. Les familles des négociants en coton havrais et des filateurs régionaux étaient très souvent liées par mariage.
Provenant d’un ensemble de cinq cahiers, contenant chacun plus de 1000 échantillons, ils présentent différents procédés d’impressions. Les tissus correspondent aux productions d’une manufacture de Bolbec, le premier cahier porte la mention : " commencé le 1er janvier 1830 sous la direction de Mr Lander Ferdinand mon vénérable père. A. Lander ".
Cahier n°1 : Il couvre une période de 1830 à 1839. Les pages sont numérotées de 1 à 99 et présentent 344 références d’échantillons et de procédés de fabrication.
Cahier n°3 : Ce cahier couvre une période de 1841 à 1843. Les pages sont numérotées de 165 à 254 et présentent 263 références d’échantillons et de procédés de fabrication.
Cahier n°5 : De 1846 à 1848, les pages sont numérotées de 352 à 439 et présentent 201 références d’échantillons et de procédés de fabrication. Le cahier possède une annotation du rédacteur évoquant une rupture entre un fils et son père.
Des toiles d’indiennes produites en Normandie, comparables à celles représentées par les échantillons conservés dans ces cahiers, pouvaient avec d’autres marchandises de traite, être employées comme monnaies d’échange pour l’acquisition d’esclaves en Afrique.
Apogée et déclin des " indiennes de Bolbec"
En 1760, au moment où naissent à Bolbec les toiles imprimées, dites " indiennes ", la ville produit déjà des mouchoirs, coutils (toiles croisées et serrées) et autres toiles d’usage domestique.
Le véritable envol se fait avec l'usine Pouchet-Keittinguer, qui sort annuellement 6000 à 7000 pièces imprimées en 1788. Et ce malgré le traité de Vergennes, ministre de Louis XVI, qui paralyse l’industrie jusqu’en 1792. Une nouvelle filature s'établie cette année-là et une seconde en 1796. Elles emploient 400 ouvriers et fabriquent 47 000 kilos de coton. Poursuivant cette ascension, en 1829, 4 filatures, près de 100 fabriques de tissus, 35 fabriques d'indiennes, recensées, emploient 13 500 ouvriers et fabriquent 220 000 pièces par an.
A la fin du XIXe siècle il n’y a presque plus de fabriques de calicots (toiles de coton grossier) et de mouchoirs. L'industrie textile est alors regroupée dans 5 grands établissements de la ville :
- les tissages Daniel (100 ouvriers, 96 métiers).
- les filatures et tissages mécaniques d'Alfred Fauquet-Lemaître (100 ouvriers, 482 métiers, 30 000 broches).
- les filatures et tissages mécaniques des frères Desgenetais (800 ouvriers, 250 métiers, 40 000 broches).
- les filatures et tissages mécaniques de Lemaître-Lavotte (avec une fabrique d'indienne, 1100 ouvriers, 480 métiers, 30 000 broches).
- les filatures et tissages mécaniques Manchon-Lemaître (615 ouvriers, 496 métiers, 6500 broches).
L’activité a aujourd'hui complètement disparu. La plupart des usines ont laissé la place dans les années 1960-1970 à des ensembles d'immeubles ou à des équipements publics. Une association très active : " Bolbec au fil de la mémoire ", aidée par les collectivités territoriales fait renaitre aujourd’hui ce passé prestigieux.